Fuente: AFP |
«En votant de façon stratégique en 2016, les républicains
peuvent encore éviter le pire scénario : Trump s’emparant de la Maison Blanche»,
avertit le site Republicans for Clinton in 2016 (R4C16). Ce réseau a été créé
par deux anciens responsables de l’administration de George W. Bush, John
Stubbs et Ricardo Reyes, qui considèrent le candidat Donald Trump comme «inapte
à la présidence» et soutiennent, de fait, Hillary Clinton. Pour faire barrage à
Trump, ils ont mis en place un système de vote swapping (échange de votes), une
pratique loin d’être récente mais qui pose question.
Pourquoi échanger son vote ?
Vous êtes républicain, mais comme les deux fondateurs du
site, vous êtes déçu par la désignation de Donald Trump ? Vous ne voulez pas
non plus voter pour Hillary Clinton, démocrate, et envisagez donc un vote
contestataire, en donnant votre voix à un candidat tiers : le libertarien Gary
Johnson. Problème : vous résidez dans un swing state, un Etat clé, qui peut
faire basculer l’élection, tel la
Floride, la
Caroline du Nord, l’Ohio, la Pennsylvanie et le
Texas. Voter pour un candidat
tiers dans ce type d’Etat pourrait favoriser Trump. La solution : trouvez un
ami dans un Etat «sûr», bleu ou rouge, qui souhaite voter pour Hillary Clinton.
Vous lui demandez de voter pour Gary Johnson, en échange de quoi vous voterez
pour Hillary Clinton. Un échange qui permet de ne pas trahir vos convictions,
tout en faisant barrage à Trump.
Pour
faciliter le processus, R4C16 a lancé une application, explicitement intitulée
#NeverTrump, qui permet de trouver plus facilement des amis dans les Etats clés
et les Etats sûrs. Seul problème : tout se fait sur l’honneur. Rien n’empêche
donc un électeur de changer d’avis au dernier moment.
Est-ce
légal ?
Acheter un
vote est illégal mais qu’en est-il de l’échange de votes, qui ne suppose aucune
valeur monétaire ? La question s’est posée lors de l’élection
présidentielle de 2000, où a été utilisé pour la première fois l’échange de
votes par Internet. L’élection était très serrée entre le républicain George W.
Bush et le démocrate Al Gore. Dans une tribune publiée sur Slate, le 25 octobre
2000, le professeur de droit à l’American University de Washington Jamin Raskin
proposait donc que les partisans de Ralph Nader (le candidat écologiste), qui
vivaient dans les swing states, échangent leurs votes sur Internet avec des
partisans d’Al Gore, résidents dans les Etats où le résultat de l’élection était
acquis. De nombreux sites d’échanges de votes ont été créés, à l’instar de
Votexchange, Nader Trader ou encore Voteswap 2000.
Mais la veille du vote, le site Voteswap 2000, basé à Los
Angeles, a fermé subitement, tout comme Votexchange. En cause : les propriétaires
des sites ont reçu un avis du secrétaire d’Etat de Californie, Bill Jones, qui
estimait que le vote swapping viole la loi de l’Etat. Il faudra attendre 2007
pour qu’une cour d’appel des Etats-Unis statue enfin. Elle juge l’échange de
votes conforme à la
Constitution et estime que le secrétaire d’Etat, en faisant
pression sur ces sites, a violé le premier amendement, qui protège notamment la
liberté d’expression.
Peut-il vraiment avoir un impact sur le résultat ?
Tous les Américains se souviennent de l’élection de 2000,
qui a vu le rôle déterminant du troisième candidat, Ralph Nader, dans la
défaite d’Al Gore, dans l’Etat clé de Floride. «Ne laissez pas Gary Johnson
être le Ralph Nader de l’élection 2016», appelle aujourd’hui le site Republicans
for Clinton in 2016. En 2000, le vote swapping n’a pas eu les résultats
escomptés. Pour les créateurs de R4C16, cités par Mother Jones, ces sites
d’échanges de votes ont émergé trop tard, seulement quelques semaines avant
l’élection et Internet n’était pas aussi développé et omniprésent
qu’aujourd’hui.
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L’échange
de vote semble encore aujourd’hui un phénomène marginal. L’application
#NeverTrump ne dépasse pas la centaine de téléchargements sur mobile. «Le candidat
Gary Johnson n’a pas l’étoffe de Ralph Nader, surtout après sa gaffe sur Alep», ajoute le politologue américain Daniel
Warner.
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