Fuente: AFP |
Nicolás Maduro a gagné une manche sur le terrain
politique : le président vénézuélien est parvenu à imposer son Assemblée
constituante, et à faire céder les gouverneurs de l'opposition, élus le 15
octobre, qui refusaient jusque-là de prêter serment devant ce parlement qu'ils
ne reconnaissent pas. Il faut dire que l'homme fort du Venezuela ne leur a
guère laissé le choix : « Ou bien ils acceptent, ou bien ils acceptent » a-t-il
lancé pour illustrer leur marge de manoeuvre.
Cette hargne présidentielle est nettement moins
perceptible sur le plan économique. La crise que le pays connaît depuis
plusieurs années continue de s'aggraver même si la Banque centrale ne
communique plus d'éléments chiffrés depuis plus de deux ans. Selon les
estimations, l'inflation devrait dépasser 1.000 % cette année et le PIB va se
contracter à nouveau. Après -16 % l'an dernier, la récession devrait être cette
année de -12 % et se poursuivre encore en 2018. Ces paramètres pris en compte,
le cabinet TAC Economics, qui mesure le degré de risque notamment dans les pays
émergents, aboutit à une note de « 68 » pour le Venezuela, assortie d'un « D »,
qui est une alerte de vigilance. Un an plus tôt, le pays était noté « 54 ». La
dégradation est nette et préoccupante puisqu'au-delà de « 60 » seuls entrent
dans cette catégorie les pays présentant des situations particulièrement
risquées.
A présent, le risque de défaut de paiement plane
au-dessus du pays pétrolier d'Amérique du Sud. Plusieurs échéances d'un montant
total de 3,4 milliards de dollars doivent être honorées avant la fin de
l'année, dont une de 2 milliards de dollars d'ici à deux semaines. Caracas,
dont les réserves de change viennent tout juste de passer sous la barre des 10
milliards de dollars - du jamais-vu en l'espace de quinze ans - n'a pas honoré
tout récemment une échéance de 350 millions de dollars.
« Le défaut de paiement n'est pas imminent mais
semble de plus en plus probable avec des marges de plus en plus limitées »,
constate Arnaud Latinier, économiste en chef marchés émergents chez TAC
Economics. Seul le prix du pétrole, en hausse de 20 % depuis juin, à 57 dollars
le baril, sauve actuellement le pays. Il y a bien aussi quelques aides
extérieures, comme celle du russe Rosneft.
Qu'on ne s'y trompe pas : « La hausse du prix du
pétrole, c'est une soupape pour le paiement de la dette, c'est tout », explique
un économiste. Sauf accident, ce niveau du baril devrait être maintenu en 2018.
Cet effet prix n'y fera rien : « Le pays va vers des jours de plus en plus durs
», poursuit l'expert de TAC Economics.
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